Vers un embargo sur les diamants russes ? C’est (enfin) chose faite : la Chambre demande à l’unanimité des sanctions européennes contre ces diamants qui alimentent la guerre d’agression contre l’Ukraine. Les diamants ne sont pas qu’un symbole pour la Russie ! La Russie est le plus gros producteur mondial de diamants bruts. 5 milliards de dollars de profits réalisés en 2021. Or, avant la guerre, 1/3 des diamants à Anvers provenait de… Russie. En stoppant ces importations, la Belgique peut donc restreindre la capacité de la Russie à financer la guerre. Plutôt que le profit à tout prix, choisissons la paix et la transparence !
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Mon intervention en plénière :
Madame la présidente, chers collègues, enfin! Plus d’un an après le début de la guerre en Ukraine, peu de gens comprenaient encore pourquoi les diamants russes étaient complètement immunisés et pourquoi les diamants russes n’étaient pas frappés de sanctions comme tant d’autres secteurs et autres métaux précieux provenant de Russie.
Je suis très fier de pouvoir enfin voter ici, en séance plénière de la Chambre des représentants de Belgique, un appel aussi clair à des sanctions contre les diamants russes. Je me permets de rappeler le premier point dans le dispositif de la résolution qui consiste à instaurer une interdiction d’importation visant le commerce tant direct qu’indirect de diamants russes, accompagnée d’un mécanisme de traçabilité conforme à ce que le G7 est en train de développer.
Aujourd’hui, la réalité, chers collègues, c’est qu’un onzième paquet de sanctions est actuellement en cours de négociation au niveau européen. Dans la dernière proposition de la Commission européenne, il n’y a aucune trace de sanction sur les diamants russes. Voilà pourquoi le signal que nous nous apprêtons à envoyer aujourd’hui – je l’espère de tout cœur, à l’unanimité – est aussi important, parce qu’il peut enfin conduire la Commission européenne à inclure les diamants russes dans ses paquets de sanctions.
Je me permets de rappeler pourquoi il est si important de le faire. Je me souviens que, quelques semaines après le début de l’effroyable agression, le crime d’agression russe contre l’Ukraine, le président Zelensky prenait la parole devant notre Assemblée et nous demandait, à pas moins de trois reprises, d’interdire les importations de diamants russes. Il disait que la paix est plus importante que les importations de diamants. Je propose qu’aujourd’hui, nous entendions cet appel du président Zelensky.
Nous avons bel et bien un rôle à jouer. On ne va pas tourner autour du pot. Nous savons que la ville d’Anvers a un rôle tout à fait particulier dans l’importation et le commerce spécifique de diamants russes.
Enfin, la majorité de l’exploitation et de l’exportation des diamants russes est concentrée dans les mains du groupe Alrosa. Ce groupe n’est pas n’importe quelle société privée. C’est un groupe qui est aux mains de l’oligarchie, aux mains du régime autoritaire de Vladimir Poutine. Voilà pourquoi, aujourd’hui, arrêter et sanctionner les diamants russes est faire en sorte d’assécher aussi la machine de guerre de Vladimir Poutine lancée injustement contre les populations civiles en Ukraine.
Personne ici ne veut d’une guerre avec la Russie. En revanche, je pense qu’il est bon de rappeler qu’ici et maintenant, nous aussi, comme Belges et comme Européens, nous avons les moyens d’assécher la machine de guerre financière de Vladimir Poutine contre les Ukrainiens. Voilà pourquoi nous soutiendrons ce texte, avec néanmoins un petit bémol. Je me permets de le dire, chers collègues, tout n’est pas rose. J’aurais préféré que ce texte puisse aussi inclure le secteur nucléaire russe.
Là aussi, il est complètement fou de constater que, plusieurs mois après le début de la guerre en Ukraine, Rosatom, qui pourtant développe l’arme nucléaire pour le compte de Vladimir Poutine, ne fait pas encore l’objet de sanctions européennes. C’est complètement dingue! C’est le serpent qui se mord la queue. Il est important que, d’une part, nous adoptions des sanctions contre les diamants mais aussi que, d’autre part nous puissions le faire à l’égard de l’industrie nucléaire russe. Nous devrions faire avec Rosatom ce que nous faisons avec Alrosa. Je vous remercie.