Opération Griffe épée: STOP aux bombardements de civils!

Écrit avec la coopération de Fleur Amigon, qui suit le dossier de près – Merci à elle !

Le 20 novembre dernier, des bombardements de l’armée turque, qualifiés d’«agressifs et barbares » par le commandant en chef des FDS, Mazloum Abdi, ont touché les provinces kurdes au nord de l’Irak et de la Syrie, et notamment la ville de Kobani, bastion de la lutte contre Daesh.

Cette nouvelle opération militaire turque baptisée « Griffe Épée », m’inquiète très gravement. D’abord, pour l’indifférence quasi totale de la communauté internationale, et en particulier de l’Union européenne. Ensuite, à l’approche des élections turques, ces attaques réactivent la guerre larvée entre la guérilla kurde et Ankara et posent donc une menace pour la paix, le respect du droit international humanitaire, et la protection des civils innocents.

L’attentat de Taksim : le terrain de légitimation des attaques turques

Pour Ankara, l’attentat de Taksim (Istanbul) du 13 novembre dernier a été orchestré par une membre du Parti des travailleurs et travailleuses du Kurdistan (PKK). Malgré que ce dernier ait nié toute implication dans l’attentat et qu’aucune preuve crédible puisse aujourd’hui attribuer la responsabilité de l’attentat au PKK, cet évènement est utilisé par Erdogan pour justifier les nouvelles attaques de dimanche dernier contre les provinces kurdes.

Le ministère turc de la défense avait alors twitté : « L’heure des comptes a sonné ! » en annonçant le lancement, dans la nuit de samedi à dimanche, de l’opération « Griffe Épée » sur base de l’article 51 de la Charte des Nations unies pour « éliminer les attaques terroristes du nord de l’Irak et assurer la sécurité des frontières ». Pourtant, une fois de plus, ce sont les civils en Syrie et en Irak qui en payent les frais.

Des civils et des structures civiles touchés

Des civils et structures civiles ont été touchés. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), s’il n’est pas en mesure de confirmer la mort de civils, fait état de la mort d’au moins 37 personnes dont 1 journaliste syrien, correspondant d’une agence de presse kurde. Les sources de l’OSDH rapportent que les forces turques ont pris pour cible des entrepôts de blé, bombardé à l’arme lourde des villages et des structures civiles comme l’hôpital Covid de la colline de Mishtenour. De leur côté, les autorités autonomes kurdes ont déjà fait état d’au moins 29 morts dont 11 civils. Alors que les attaques aériennes et la surveillance par des drones de l’État d’occupation turc des provinces kurdes se multiplient, Erdogan menace dès lors de déployer les forces terrestres.

Ne restons pas les bras croisés

Ce dimanche, le Congrès national du Kurdistan a publié une déclaration appelant les Nations unies, l’Union européenne et les États-Unis à obliger leurs partenaires à se conformer à leurs obligations légales. À nous, communauté internationale, de prendre nos responsabilités. Alors que l’Ukraine est sous le flot de l’attention médiatique, n’oublions pas qu’un membre de l’OTAN mène aujourd’hui sa propre guerre contre des infrastructures civiles kurdes.

  • Chez Ecolo-Groen, nous demandons une enquête d’urgence sur les circonstances de l’attentat de Taskim et sur l’implication ou non du PKK dans des potentiels « actes de terrorisme ».
  • La lutte contre le terrorisme ne peut justifier des violations graves des droits de l’homme et des crimes de guerre. Les principes d’inviolabilité des frontières et de souveraineté des pays voisins sont universels. Ils s’appliquent à TOUS, pas seulement à la Russie. Nous devons agir d’urgence et de concert et demander la désescalade au niveau international, européen et national.
  • Chez Ecolo-Groen, nous sommes profondément attachés aux valeurs essentielles de démocratie, d’égalité et de justice. Peu importe que les populations soient kurdes, arabes ou d’autres origines, la protection des civils innocents est pour nous la priorité absolue dans les conflits armés.
  • Chez Ecolo-Groen, les civils ne doivent jamais payer le prix des hostilités ! La Belgique doit aujourd’hui prendre une position claire afin de condamner les raids aériens envers les civils et structures civiles et mettre fin aux attaques de l’armée turque dans les provinces Kurdes de Syrie et d’Irak.