Nouvelle “ligne rouge” franchie par les forces azéris en Arménie: stop à l’hypocrisie!

Le 13 septembre dernier, les heurts ont repris à la frontière arméno-azérie ouvrant le nouvel acte d’un conflit de longue date dans la région. Cette attaque militaire non déclarée de l’Azerbaïdjan contre le territoire souverain de l’Arménie est qualifiée par la presse comme la plus violente et meurtrière depuis la guerre de 2020.

Ces dernières semaines, le président azéri Ilham Aliyev a franchi une nouvelle « ligne rouge » en confirmant l’ambition expansionniste de l’Azerbaïdjan en Arménie.

  • Des structures civiles ont été touchées. Depuis la reprise des affrontements, la population arménienne a été prise pour cible dans 36 zones résidentielles et localités frontalières pacifiques allant de Goris à Geghamazar. Plus de 7600 civils arméniens, dont une majorité de femmes et personnes âgées, ont été déplacés de force depuis septembre. L’usage d’artillerie lourde, de lance-roquettes multiples et de drones de combat par l’Azerbaïdjan à proximité de zones civiles arméniennes bafoue les règles les plus élémentaires du droit international humanitaire.

Les civils arméniens ne doivent plus payer le prix des hostilités.

  • Non aux « crimes de guerre ». Les preuves de torture, d’exécutions extrajudiciaires, de mutilations sur les civils et même de procès artificiels sur les prisonniers de guerre arméniens se multiplient. Elles doivent cesser.

Des cadavres de femmes soldates arméniennes torturées puis mutilées sont actuellement « fièrement » filmés puis relayés par des groupes pro-azéris sur Telegram. Ces homicides intentionnels et traitements inhumains sont des crimes de guerre qui doivent être punis par la justice internationale.

  • Non à un traité de paix « fantôme ». L’Azerbaïdjan doit reconnaître la clause du traité de paix sur l’intégrité territoriale de la République d’Arménie et admettre les délimitations prévues par l’accord du 8 décembre 1991. Les revendications territoriales unilatérales et incessantes de l’Azerbaïdjan ont des implications qui ne peuvent plus rester impunies en termes de jus ad bellum.

Les frontières d’État existent, à l’Azerbaïdjan de les reconnaître, à la communauté internationale de le rappeler.

  • Passer de la parole aux actes, de la force à la négociation. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la communauté internationale doit porter un œil vigilant sur les jeux d’influences et les ambitions expansionnistes de la Russie de Poutine dans le Caucase du Sud. Il n’est aujourd’hui plus possible de laisser Poutine ménager la Turquie pour sa neutralité dans la situation Ukrainienne et renforcer parallèlement son influence en République d’Arménie.

L’usage de la force doit désormais laisser place à la négociation pour la paix et la stabilité régionale dans le Caucase du Sud.

  • Enquêter d’urgence. A ce jour l’Azerbaïdjan bloque l’accès des missions du HCR et de l’UNESCO à la région du Haut-Karabakh. Des missions d’observation internationale dans les zones frontalières arméno-azérie et dans la région du Haut-Karabakh sont pourtant cruciales au développement d’une stabilité régionale dans le Caucase.
  • Stop à l’hypocrisie européenne. Alors que le conflit monte en escalade, l’UE négocie actuellement un accord gazier qui vise à doubler les importations de gaz azéri vers l’Europe. Peut-on laisser le pouvoir azéri disposer d’une telle manne financière ?

L’UE ne peut plus, sur le plan moral, adopter d’un côté des sanctions contre Poutine et, de l’autre, aller sceller un accord gazier avec Bakou. Les droits de l’homme ne sont pas négociables. La sécurité énergétique de l’Europe ne passera pas une nouvelle fois par une dépendance envers une dictature.

La Belgique doit, aujourd’hui plus que jamais, se tenir au côté du peuple souverain et démocratique arménien. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à une agression contraire aux principes même du droit international. Le soutien de l’ensemble de la communauté internationale au peuple arménien est plus que crucial.