Mon texte dans le cadre du vote de cette résolution :
Il y a un peu plus d’un an, j’étais très fier de pouvoir accueillir avec plusieurs collègues Svetlana Tikhanovaskaïa, l’icône de la résistance bélarusse, ici sur la place de la Nation à la Chambre…
Il faut en effet le faire, combattre et s’opposer au dernier dernier dictateur d’Europe, Alexandre Loukachenko, au pouvoir sans discontinuité depuis 1994.
C’est elle qui, en 2020, s’est portée candidate à l’élection présidentielle, à la place de son mari emprisonné.
Hé oui, dans son machisme absolu, Loukachenko s’était dit qu’en emprisonnant les hommes, il n’aurait plus à craindre l’opposition. C’était sans compter l’incroyable lutte des femmes toujours en liberté.
C’est donc elle, Svetlana, qui se bat, aujourd’hui en exil, pour son peuple, contre la machine de guerre de Vladimir Poutine en Ukraine, alors que le père de ses enfants est toujours écroué au Bélarus.
Il faut bien prendre conscience de l’horreur du régime de Loukachenko… Le KGB existe encore et torture les travailleurs qui oseraient faire grève ou les jeunes étudiants qui marchent pacifiquement dans la rue !
Depuis 2020, plus de 16 000 affaires pénales à motivation politique ont été engagées. À ce jour, le Bélarus compte 1453 prisonniers politiques, dont l’ancienne candidate à la présidentielle Maria Kalsnikava, condamnés à plus de 3000 ans de prison au total. 765 ONG ont été fermées. 20 personnes ont été tuées, y compris en prison, depuis 2020.
C’est aussi Loukachenko qui, l’hiver dernier, a propulsé des migrants, dont des enfants, comme de la chair à canon sur les zones forestières des frontières de la Pologne et de la Lituanie où nombre d’entre eux se sont embourbés dans l’hiver, certains y laissant la vie. Une horreur absolue.
Nous avons promis à nos amis bélarusses, dont Anatole Lebedko, que nous ne resterions pas les bras croisés devant l’oppression du régime autoritaire de Loukachenko. Le Bélarus fait partie de la famille européenne ! Nous leur avions dit que jamais nous ne les laisserons tomber. Nous avons ainsi créé un groupe informel de soutien à la transition démocratique au Bélarus.
Et bien aujourd’hui, nous allons plus loin et votons une résolution en soutien à l’opposition bélarusse au Parlement belge !
Et c’est assez rare que pour ne pas le mentionner : nous sommes 10 partis démocratiques, aussi bien de la majorité que de l’opposition, de gauche comme de droite et du centre, à avoir co-signé le même texte en soutien à l’opposition démocratique au Bélarus !
Et je veux vraiment de tout cœur remercier les collègues :
- Peter De Roover
- Wouter De Vriendt
- Christophe Lacroix
- Michel De Maegd
- Goedele Liekens
- Vicky Reynaert
- Els Van Hoof
- Georges Dallemagne
- François De Smet
Au cours des débats, chers collègues, seuls deux partis, deux partis uniquement, ont exprimé des réserves voire carrément une abstention !
- Le PTB s’est abstenu, jugeant qu’il ne faut pas sanctionner le régime de Loukachenko et ses sbires.
- Le Vlaams Belang juge qu’il faut éviter de trop soutenir le modèle démocratique par crainte de créer des soulèvements comme en Syrie, en Egype et en Libye. Je cite le rapport : « Il faut […] se garder de soutenir l’entame d’un processus de transition démocratique au Bélarus ».
Et bien moi je veux dire au PTB et au Vlaams Belang que quand les travailleurs font grève à Minsk et manifestent dans la rue avec des drapeaux rouges et blancs, quand ils sont matraqués par des agents encagoulés de la police de Loukachenko et quand ils sont arrêtés en masse, torturés, condamnés à mort, je suis fier de dire que je suis à leurs côtés avec l’ensemble des partis démocratiques belges ! Ce sont des dizaines de milliers de personnes qui ont été arrêtées depuis le début du mouvement de contestation en 2020… Et vous, vous jugez qu’il ne faut pas s’en mêler ? Not in my name.
Chers collègues,
Il s’agit ici de choisir son camp :
1) le camp de l’ignoble de ceux qui s’attaquent aux enfants, femmes, hommes venus de Syrie ou d’Afghanistan qui crèvent dans le froid, bouffent de l’herbe et boivent l’eau des marécages pour survivre à la frontière?
2) ou le camp de ceux qui résistent contre les dictateurs et protègent les plus faibles?
Le courage, c’est de rester debout face aux despotes.
Nous voulons ici donner une voix aux sans-voix, aux oubliés, aux opposants pro-démocratie et syndicalistes qui croupissent en prison… C’est notre responsabilité de démocrates de soutenir celles et ceux qui défendent la démocratie au Bélarus !
Ce texte est le tout premier message de soutien officiel de notre assemblée à l’opposition démocratique bélarusse, dont plusieurs membres se sont réfugié en Belgique ! C’est un signal fort de la Belgique en faveur d’un processus de transition démocratique au sein de la dernière dictature d’Europe.
Plus concrètement, nous réclamons :
- la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques,
- l’abolition de la peine de mort,
- l’organisation d’élections équitables, inclusives et transparentes sous l’égide de l’OSCE,
- le soutien aux médias indépendants et étudiants bélarusses.
Nous avons un rôle à jouer en Belgique pour aider le Bélarus !
Svetlana nous transmet en tous cas ses mots de sincère gratitude pour cette initiative et ce vote important ce jour ! Et elle nous fixe déjà rendez-vous le mercredi 6 décembre prochain au Parlement européen pour le « Forum 8 + 100 » de coordination entre les 8 partis politiques du Bélarus et l’Union européenne ! Žyvie Biełaruś!