Ce n’est pas tous les jours que l’on reçoit un courrier personnel du… Dalaï-lama. À l’origine de ce courrier, une question parlementaire que j’ai adressée au Ministre des Affaires étrangères, Philippe Goffin.
Lors d’une récente commission, je lui ai demandé :
- Quelle était la position de la Belgique par rapport aux répressions par le Parti communiste chinois du culte bouddhiste au Tibet, notamment par rapport à la politique de présence et surveillance policière accrue près des temples, le remplacement dans l’enseignement obligatoire de la langue tibétaine par le mandarin ou la démolition partielle du temple de Larung Gar ?
- Quelle est la position de la Belgique au sujet de la succession du Dalaï-lama ? En effet, Ces dernières années, le gouvernement chinois a clairement affiché son intention d’interférer dans la succession du Dalaï-lama. Cette position ne tient aucunement compte du fait que les Tibétains choisissent leur leader spirituel sans ingérence étrangère depuis des siècles et enfreint le droit fondamental des Tibétains à la liberté de religion.
- Dans quelle mesure la Belgique serait-elle prête à pousser un débat et une prise de position au niveau européen à ce sujet ?
Ailleurs dans le monde, et afin de contrer les tentatives de la Chine d’interférer dans la succession du Dalaï-lama, un projet de loi a été présenté au Congrès des Etats-Unis en septembre dernier. S’il est adopté, il rendra officielle la politique américaine selon laquelle la nomination d’un futur dalaï-lama et d’autres dirigeants bouddhistes tibétains ne peut être décidée que par la communauté religieuse tibétaine. Plus récemment, le 11 novembre, le ministre néerlandais des Affaires étrangères a adressé une communication officielle au Parlement détaillant la politique du gouvernement néerlandais sur le Tibet, qui déclare que « la position de ce cabinet est qu’il appartient à la communauté religieuse tibétaine elle-même de nommer un futur successeur du Dalaï Lama ».
Pour la Belgique, et suite à ma question qui aurait pu rester anodine, le Ministre Goffin a indiqué que « concernant la réincarnation du Dalaï-lama en tant que leader religieux et sur base du principe de la liberté de religion, il appartient logiquement à la communauté religieuse tibétaine de désigner son successeur sans interférence des autorités temporelles. »
En cela, et à l’instar des démocrates américains et des Pays-Bas, notre pays prend position afin de rappeler les droits de la communauté tibétaine persécutée en Chine.
En soi, la question de la succession/réincarnation du Dalaï-lama est évidemment une question à déterminer par la communauté tibétaine elle-même sans interférence de n’importe quel gouvernement. Comme politiques, nous n’avons en soi pas grand-chose à dire sur la réincarnation. C’est la simple application du principe de liberté des religions, et il va de soi que nous défendons comme écologistes cette liberté fondamentale aussi pour les Tibétains. Mais ce qui peut nous sembler évident, ne l’est pas du tout pour le Parti communiste chinois qui tente d’interférer dans la désignation du prochain Dalaï-lama.
De quoi recevoir une lettre de ce dernier…