Jewher avait 18 ans quand elle a vu son papa pour la dernière fois.
Son papa est l’un des plus grands intellectuels ouïghours. Professeur d’économie à l’université Minzu de Pékin, attaché à la culture de son peuple, profondément pacifiste, Ilham Tohti a toujours défendu le droit des minorités à croire, à s’habiller, à s’exprimer comme elles le souhaitaient. Que ce soit pour porter le chapeau traditionnel, le hijab, la barbe, ou des hauts talons, peu importe! Pour Ilham Tohti, personne ne devrait être persécuté pour ses convictions politiques ou croyances religieuses.
Il y a 10 ans, en 2013, Jewher tente de quitter la Chine avec lui pour l’Indiana aux USA. Mais il est arrêté par la police devant elle à l’aéroport. Elle qui ne parlait pas anglais et n’avait que 18 ans, la police l’a laissée tranquille. Son père l’enjoint alors de monter seule dans l’avion. Un an plus tard, il est condamné à la prison à perpétuité au Xinjiang pour « séparatisme » – un comble pour celui qui prônait justement la paix et l’harmonie au sein de la Chine.
Depuis, Jewher n’a plus aucune nouvelle de lui. Elle ignore s’il est encore en vie. Mais elle a repris le flambeau de son engagement pour la liberté du peuple ouïghour. En 2019, elle reçoit en son nom le Prix Sakharov au Parlement européen.
En visite à Bruxelles, c’était un honneur de la recevoir au Parlement avec mon ami ouïghour, Enver Can.
Ensemble, nous avons décidé de lancer une nouvelle initiative dont j’ai hâte de vous parler tout prochainement. Le combat continue pour Ilham Tohti et tous les prisonniers d’opinion !