Appréhender l’eau comme un droit humain

Voici le texte de mon intervention à l’ONU sur le droit à l’accès à l’eau, rédigé avec l’aide précieuse de Julien Debande.

Chers collègues, chers amis,

Merci à nos deux expertes.

J’aimerais revenir sur un moment marquant ce matin…

Lorsque Paddy nous a demandé si l’eau est un bien public, 99 % des collègues a répondu : OUI, massivement !

Alors que… soyons honnêtes… la réalité économique sur le terrain est toute autre… depuis au moins 1989, l’eau est devenue un bien économique privé dont la monétisation est devenue la norme !

La consécration d’un droit à l’eau, tout en la considérant comme un bien marchand me semble antinomique et très problématique :

1) privatiser l’eau, c’est rendre les prix pratiqués plus élevés, et donc réduire son accès aux plus nantis

2) le risque est aussi de limiter l’accès aux zones qui représentent un bénéfice financier pour les opérateurs privés, privant les plus démunis

C’est pourquoi, je me demande si appréhender l’eau comme un droit humain n’implique pas automatiquement de cesser sa privatisation et de confier sa gestion à un service public ou à une collectivité de citoyens.

J’ai 2 questions plus spécifiques :

1) Il faut saluer la reconnaissance du droit à l’eau faite, en 2010, aux Nations Unies dans la résolution 64/292 de l’AG.

C’est super… Mais comment se fait-il qu’il n’y ait aucune référence au droit à l’eau dans le texte de l’Agenda 2030 et des Objectifs du Développement Durable ?

2) Une autre part du problème repose sur les bailleurs de fonds, tels que la Banque Mondiale, qui ont, lors de prêts au titre de la coopération au développement, imposé des conditions comprenant la privatisation de secteur de l’eau. Ce type de projets de coopération au développement est-il bien compatible avec le droit à l’eau ?

Bref, je pense qu’il y a du pain sur la planche, pour nous, parlementaires, pour ne plus parler de l’eau juste en termes de bien marchand, privé, mais en termes de « droits humains » !