Le mécanisme de la transition est (enfin) lancé !

C’est un texte de loi très important que nous avons voté cette semaine en plénière de la Chambre. Ce texte est capital pour la transition énergétique que nous devons urgemment amorcer dans ce pays. Il est urgent pour garantir la sécurité d’approvisionnement de la Belgique.

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Dans le cadre du vote de ce texte, j’ai tenu à rappeler quatre points importants de nos discussions qui ont duré – il me semble – pendant plus de douze heures en commission de l’Énergie.

1. L’importance du cadre légal

Premièrement, pourquoi est-il important d’adopter ce cadre légal? Tout simplement pour garantir la sécurité d’approvisionnement énergétique de notre pays. Il est de notre responsabilité politique de garantir cette sécurité d’approvisionnement. Ce CRM, c’est, en quelque sorte, une forme d’assurance vie, une forme d’assurance pour que la lumière ne s’éteigne pas en 2025.

Comme cela a été rappelé à plusieurs reprises, lors des débats en commission, il serait très dangereux de laisser faire le marché, de laisser la main invisible du marché investir où elle veut selon les profits de la vente de l’électricité, ce que l’on appelle en anglais le scarcity pricing, sans prévoir de mécanisme de soutien de la capacité.

C’est ce que nous allons faire ce soir puisque nous allons fixer le cadre légal qui va pouvoir assurer une capacité de base pour garantir la sécurité d’approvisionnement énergétique de notre pays.

Il est important de garantir, dès maintenant, une certaine gestion de la demande, des solutions de stockage d’électricité dont on a de plus en plus besoin avec le renouvelable qui s’étend. Il en va de même pour les centrales pilotables de dernière génération.

Il est également important de rappeler que, finalement, personne ici, aucun parti n’est d’avis de ne rien faire pour notre sécurité d’approvisionnement.

2. Minuit moins une

Deuxièmement, il y a la question de l’urgence. Il est important de rappeler qu’il est minuit moins une. Finalement, ce texte aurait déjà dû être adopté, il y a vingt ans. Nous avons perdu beaucoup trop de temps au cours de ces dernières années. Il serait, selon moi, dangereux de tarder encore une fois. Nous sommes maintenant dans une course contre la montre. Il s’agit d’un défi collectif que nous nous devons de gagner collectivement.

3. Nécessaire, avec ou sans prolongation du nucléaire

J’en viens à ma troisième considération. Est-ce vraiment nécessaire? C’est une aussi bonne question. Est-ce vraiment pertinent? Mais oui! Qu’on prolonge Tihange 3 et Doel 4 ou non, c’est de toute façon nécessaire. On le sait et aucun parti représenté à la Chambre des représentants ne plaide en faveur de la prolongation d’autres réacteurs nucléaires. Personne ici! Pas un seul parti! Pour des raisons techniques et de sûreté, quoi qu’il arrive avec Tihange 3 et Doel 4, ce CRM sera de toute façon indispensable.

4. De la flexibilité et la priorité au renouvelable

Le quatrième point important que je me permets de relever c’est “pourquoi opérer une telle transition énergétique?”. Pourquoi est-ce important de passer à plus de flexibilité? Pourquoi avons-nous aujourd’hui besoin, au XXIe siècle, de beaucoup plus de flexibilité pour sortir d’un XXe siècle qui était, par essence, carboné et nucléarisé?

J’aimerais illustrer cette nécessité de la flexibilité avec un exemple tout simple qui nous vient des chiffres d’Elia qui ont été publiés ce jeudi soir sur la production d’énergie renouvelable dans notre pays. Nous venons de vivre un record, un record absolu en Belgique: 4 GW produits par de l’énergie éolienne, par le vent. C’est un record de vent. C’est un record génial: 4 GW, c’est l’équivalent de ce que produisent 4 réacteurs nucléaires. Le résultat, c’est que les prix de l’électricité sur le marché de gros étaient proches de zéro et sont carrément descendus sous la barre de zéro. On a vu des prix négatifs sur le marché de l’électricité aujourd’hui et cette nuit.

On pourrait se dire que c’est génial. C’est un peu comme si, aujourd’hui, vous aviez une voiture électrique et que vous étiez carrément rémunéré pour consommer de l’électricité. Mais je pense qu’il important de dire franchement, ici à la Chambre, l’absurdité dans le système actuel de l’énergie en Belgique, avec des centrales nucléaires qui, par définition, sont très peu flexibles. On ne peut les moduler. On ne peut faire “on”/”off” avec un réacteur nucléaire. Ce serait bien trop dangereux. On ne peut pas le faire en Belgique. Ce qui est ridicule, c’est qu’aujourd’hui, les producteurs d’énergie renouvelable, certains producteurs d’énergie éolienne ont dû mettre à l’arrêt les éoliennes, par exemple en mer du Nord. C’est important de le dire. Cela me tient à cœur en tant qu’écologiste. Je crois que c’est le monde à l’envers.

Dans le monde de demain, au XXIe siècle, je crois que nous devons toutes et tous être d’accord pour dire que la priorité absolue doit être donnée à la production d’énergie renouvelable, à la production d’énergie éolienne. Comment le faire concrètement? Justement, en donnant le maximum de chances à un marché beaucoup plus flexible, à beaucoup plus de flexibilité dans la production d’énergie.

Je crois que les tergiversations du passé doivent aujourd’hui cesser. Évidemment, cela sera compliqué. Évidemment, cela va encore prendre du temps. Nous savons que nous aurons encore de nombreux débats en commission de l’Énergie. Nous savons qu’il y aura la décision de la Commission européenne. Nous savons que nous devons opérer un tournant énergétique.

Mais je crois que nous n’avons plus le temps d’attendre. Nous devons sortir de ce XXe siècle carboné et nucléarisé et investir résolument dans l’énergie du futur, dans les énergies renouvelables et donner un maximum de chances à ce déploiement des énergies renouvelables dans notre pays.

C’est un objectif ambitieux. C’est l’objectif que ce gouvernement Vivaldi s’est fixé. C’est l’objectif que la ministre Van der Straeten est justement en train de réaliser pour le futur. Très sincèrement, je lui suis reconnaissant, parce que je me rends compte du travail qui a été abattu au cours des derniers mois, durant des heures de débats avec des spécialistes et des discussions parfois très techniques.

Clairement, aujourd’hui, c’est de cette créativité, de cette mobilisation, de ce sérieux pour demain, dont nous avons besoin.