Aujourd’hui, nous avons voté en première lecture une loi importante sur l’oganisation du marché de l’électricité: le fameux “CRM”.
C’est un projet de loi capital pour la transition énergétique que nous devons opérer dans les mois à venir, et surtout pour la sécurité d’approvisionnement de notre pays que nous nous devons, toutes et tous, de garantir comme responsables politiques. Et il est minuit moins 1 !
Pour illustrer l’intérêt du CRM, j’aimerais revenir sur l’énorme black-out au Texas en pleine vague de froid. De Standaard et La Libre ont consacré des commentaires intéressants quant aux leçons à tirer de ce black-out pour notre propre politique d’approvisionnement énergétique en Belgique… car le moins que l’on puisse dire, c’est que le modèle texan est tombé de son piédestal.
C’était quoi le problème ?
Au Texas, plus de 674 000 foyers et entreprises restaient sans électricité jeudi dernier. Certaines familles se sont même retrouvées sans électricité pendant plus de 48 heures. Pourtant, le Texas est connu pour être le premier producteur de pétrole et de gaz naturel du pays.
Des millions de personnes étaient toujours privées d’eau potable dimanche au Texas, où des élus se sont insurgés contre la hausse astronomique du coût de l’électricité liée à la vague de froid létale qui a frappé le pays (certaines factures atteignent 16.000 dollars!).
Le Texas est en effet le seul État dont le réseau de distribution énergétique fonctionne en vase clos, et son marché de l’électricité est complètement dérégulé.
Alors comment ce fait-il que cet État de 29 millions d’habitants se retrouve confronté à une telle crise ? Du gaz gelé, un réacteur nucléaire a dû se mettre à l’arrêt, …
Tout ça était donc absolument prévisible et évitable !
Les énergies solaires et éoliennes sont devenues le parfait bouc émissaire de certains hommes politiques conservateurs texans. Les énergies fossiles étaient la seule chose qui pourrait les sauver selon eux !
Quelles sont les leçons que nous devons tirer de cette crise énergétique aux USA ? Bon, d’abord, arrêtons d’ériger le système texan en modèle ! Tentons plutôt de tirer les leçons de la crise :
1. Prévenir la vulnérabilité aux conditions climatiques extrêmes ! Au Texas, il n’y avait pas suffisamment de générateurs prévus pour l’hiver afin de répondre à une forte hausse de la demande. On a vu le résultat… Il est plus juste de parler de dérèglement (plutôt que réchauffement) climatique. Des vagues de grand froid sont encore possible en Belgique (pensez simplement à il y a 10 jours en Belgique). Ca ne doit pas être exclu !
=> C’est notre responsabilité à toutes et tous d’assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique du pays.
2. Prévoir des interconnexions. Le Texas est en effet le seul Etat dont le réseau de distribution fonctionne en vase clos, ce qui l’empêche d’importer de l’énergie du reste du pays. La crise a souligné les limites (gravissimes) du système. C’est ce que l’Agence Internationale de l’énergie a conclu.
=> Je pense à la nouvelle connexion avec le Danemark qui nous fera profiter d’électricité à la fois verte et bon marché !
3. Éviter la trop grande dépendance d’une seule source d’énergie, et donc éviter l’indisponibilité inattendue d’une part majeur du parc de production d’électricité. Repensez à 2018… La production nucléaire a atteint des niveaux historiquement bas en novembre (1 TWh, soit 15%) et décembre (1,1 TWh, soit 17%) lorsque seul Doel 3 fonctionnait !
=> Personne ici n’est d’avis de ne rien faire pour notre sécurité d’approvisionnement énergétique. Nous devons revenir à un vrai mix énergétique.
4. Mais surtout, c’est le plus important, le CRM n’est pas superflu. Le CRM doit fonctionner comme une assurance-vie que la lumière ne s’éteigne pas ! Il serait dangereux de faire comme au Texas, et de laisser les producteurs d’électricité exclusivement gagner leurs profits sur la vente d’électricité (« scarcity pricing »), sans prévoir de mécanisme de soutien pour la capacité ! Non au système ultra-libéral du Texas !
=> Vous ne pouvez pas compter sur le seul marché ! En fait, laisser la concurrence faire les choses, et vous pourrez avoir des situations comme au Texas.
Il est important d’investir dans la gestion de la demande et des centrales pilotables de dernière génération. Nous ferions courir un risque majeur à notre pays en nous objectant au CRM. J’encourage donc la Ministre à avancer.