Familles bloquées au Maroc : un manque d’anticipation source de détresses

J’aimerais commencer par envoyer mes premières pensées à toutes ces familles qui sont encore bloquées au Maroc. Voilà maintenant un peu plus de deux mois que nos compatriotes sont bloqués au Maroc – depuis le 18 mars exactement. Cela fait plusieurs semaines que j’interpelle le Ministre des Affaires étrangères, Philippe Goffin, concernant ces situations particulièrement difficiles, avec des familles en détresse.

Des familles sont séparées, avec des mineurs qui souvent restent seuls, soit au Maroc, soit en Belgique, avec des parents qui ne peuvent pas les rejoindre. Des personnes risquent de perdre leur emploi ou l’ont déjà perdu. Des personnes indépendantes ont, par exemple, leur affaire vandalisée ici à Bruxelles et ne peuvent pas revenir pour régler la situation. Plusieurs affaires risquent de mettre la clé sous le paillasson.

Ce sont vraiment des situations très difficiles. Nous comprenons que ces Belges, aujourd’hui, perdent patience, certains voulant même à présent passer à des actions judiciaires.

En réponse à ma première interpellation à ce sujet, le 7 avril dernier, le Ministre Goffin m’indiquait qu’il y avait 500 Belges bloqués sur place. Ce chiffre a quasi décuplé en quelques semaines. Récemment, il était question de 4 à 5000 personnes bloquées au Maroc. Il est évidemment compliqué de comprendre comment nous n’avons pas pu mieux anticiper ce nombre de dossiers de familles à sauver et à rapatrier en Belgique.

De même, il est interpellant que plusieurs familles remplissant vraisemblablement tous les critères imposés, suite aux négociations avec le Royaume du Maroc, ne reçoivent parfois pas du tout de réponse ou reçoivent une réponse négative.

C’est pourquoi j’ai à nouveau interrogé le Ministre, en lui posant des questions à la fois très simples et très factuelles : combien de vols prévoyez-vous encore pour rapatrier toutes les personnes encore bloquées sur place ? Combien de personnes exactement ont-elles finalement dû essuyer des refus alors qu’elles rentraient dans les critères des rapatriements, à la fois humanitaires et sociaux ? Combien de Belges restent-ils bloqués au Maroc? Avez-vous un aperçu exact du nombre de Belges actuellement localisés au Maroc ? Mis à part tous les efforts nécessaires pour l’organisation de rapatriements, quelle communication proactive est-elle mise en place pour venir en aide à ces familles ? Monsieur le ministre, comment allez-vous pouvoir traiter toutes ces demandes officielles de rapatriement ?

Dans sa réponse, le Ministre Goffin indique notamment que “6100 mails ont été reçus, à partir du moment où la seconde vague de rapatriements a été annoncée”, soit à partir du 1er mai, donnant suite à 7 vols permettant de rapatrier 1910 personnes. Il précise : “Pour 4450 personnes, il était question de rapatriements humanitaires, dont 3440 Belges ou binationaux, pour être clair.”

En clair, cela signifie que de nombreux Belges et/ou binationaux restent bloqués au Maroc, malgré parfois des demandes de rapatriement pour raison humanitaire.