Confiné à Huy, je suis fort interpellé tant par les riverains que les travailleurs de la centrale de Tihange sur la sûreté nucléaire durant cette crise.
En France, un plan pandémie est déjà établi depuis 10 ans. Ici, en Belgique, les choses sont moins claires.
Un aspect m’interpelle tout particulièrement : la poursuite des travaux de révision du réacteur de Tihange 1. La poursuite des travaux ne me semble pas du tout indispensable durant cette période de crise du COVID-19, elle me semble même dangereuse à plus d’un titre.
La protection du personnel
Engie-Electrabel mobilise actuellement plus de 700 travailleurs sur les 3 tranches du site de Tihange (avant hier, c’était même 615 agents externes et 290 travailleurs d’Electrabel !) – contre 1500 à 3000 travailleurs en temps normal. Parmi ces 700 travailleurs actuels, 400 sont concentrés sur les travaux de révision du réacteur de Tihange 1.
Bien que le secteur de l’énergie soit essentiel, Engie Electrabel est tenu, dans la mesure du possible, de mettre en œuvre le système de télétravail et les règles de distanciation physique. Or, le chantier de Tihange 1 ne permet pas de respecter les mesures de distanciation physique. Pour les syndicats Gazelco et CNE (sauf la CGSLB qui n’a cependant pas de délégation syndicale à Tihange), « Engie joue à la roulette russe et faire primer son propre intérêt économique sur la vie des travailleurs ».
Or, le confinement des travailleurs mobilisés sur la révision de Tihange 1 permettrait de :
– confiner plus de la moitié du personnel de Tihange, à l’abri de la contagion ;
– mieux protéger les travailleurs restants de Tihange 2 et 3 en divisant au moins par deux la densité de travailleurs sur le site et en limitant considérablement les déplacements ;
– assurer une réserve de personnel hautement qualifié pour remplacer les travailleurs de Tihange 2 et 3 qui tomberaient malades, ainsi venir en renfort potentiel et garantir la sûreté du site (et même la sécurité d’approvisionnement) durant toute la période du confinement.
Sécurité d’approvisionnement énergétique à moyen terme
Tihange 1 est d’une capacité de 962 MW. La révision a débuté le 31 décembre 2019 et doit en principe être clôturée le 10 juillet 2020. Selon Engie Electrabel, ce délai doit absolument être maintenu pour garantir l’approvisionnement d’énergie en suffisance pour l’hiver 2020.
La révision pourrait cependant à tout le moins être suspendue d’un mois. Si les travaux sont clôturés en août 2020, la sécurité d’approvisionnement durant l’hiver 2020 n’est en rien impactée.
Sécurité d’approvisionnement énergétique à court terme
Pour l’instant, l’énergie qui alimente nos hôpitaux et les autres services essentiels pour faire face au coronavirus, est produite par une partie des réacteurs nucléaires et surtout par le secteur éolien qui a atteint des pics la semaine dernière et dont les prévisions sont positives. Selon Elia, la consommation d’énergie a aussi diminué de 16% depuis les premières mesures de confinement pour lutter contre le coronavirus.
Quelles mesures ?
C’est pourquoi j’ai interpellé ce mercredi 8 avril le Ministre de l’Intérieur, Pieter De Crem, pour savoir :
– S’il n’était pas possible d’imposer la suspension des travaux de révision de Tihange 1 pour protéger les travailleurs, comme le demandent les syndicats en front commun ;
– Les mesures imposées par l’AFCN à Engie Electrabel face au Covid-19 ;
– Si Engie Electrabel disposait de suffisamment de personnel pour combler d’éventuelles absences et continuer à exercer les fonctions clés dans les salles de commande, les services de maintenance et la sécurité des sites ;
– La durée maximum des shifts pour le personnel des salles de commande en cas de crise sanitaire ;
– La façon avec laquelle s’applique le télétravail sur les sites de Doel et Tihange.
À suivre…