Alors que la justice britannique vient formellement – ce 20 avril – de donner son feu vert à l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis, créant ainsi un dangereux précédant pour la liberté de la presse en Europe, une majorité de députés fédéraux (N-VA ayant voté contre et abstention du VB) viennent de voter une résolution Ecolo-Groen visant à protéger les lanceurs d’alerte et journalistes d’investigation persécutés dans le monde. En tant que primo-signataire du texte, ce vote, intervenu en Commission des relations extérieures, représente un signal politique fort face aux menaces actuelles contre les médias partout dans le monde.
Il est injuste dans un État de droit que les auteurs de crimes de guerre, d’évasion fiscale ou de corruption restent impunis, alors que ceux qui dévoilent la vérité sont poursuivis ou croupissent en prison. Les citoyens ont le droit de connaître la vérité et ceux qui la révèlent au péril de leur vie ou de leur carrière doivent être protégés par la loi.
Le vote de ce mercredi 27 avril fait notamment écho à des semaines de mobilisation citoyenne contre l’extradition de Julian Assange, y compris chez nous en Belgique. Amnesty International, comme d’autres ONG, prévient que si le gouvernement du Royaume-Uni signe le décret d’extradition, cette décision politique exposerait Julian Assange « au risque d’être soumis à des conditions de détention susceptibles de causer des dommages irréversibles à son bien-être physique et psychologique ».
Notre résolution appelle dès lors la communauté internationale à « protéger la liberté d’expression et de la presse et à ne pas extrader des journalistes ou lanceurs d’alerte qui pourraient être exposés à un risque élevé de graves violations des droits humains en raison de conditions de détention pouvant s’apparenter à de la torture et d’autres traitements inhumains ». Au niveau belge, cette protection passe par la transposition de la Directive européenne sur les lanceurs d’alerte, initiée par les Verts au Parlement européen et adoptée fin 2019.
Julian Assange est loin d’être un cas unique… Pensons aussi à des lanceurs d’alerte comme Chelsea Manning (qui avait révélé le meurtre de civils, dont deux reporters, à Bagdad par l’armée américaine en 2007), Antoine Deltour (l’auteur des LuxLeaks) ou Rui Pinto (l’auteur des révélations des Luanda Leaks et Football Leaks), tous emprisonnés ou persécutés par leur pays. En tant que parlementaires, nous ne pouvons rester les bras croisés devant un tel risque d’atteinte majeure aux libertés fondamentales des journalistes et lanceurs d’alerte. C’est pourquoi je salue le vote de ce jour, qui vise à protéger la diffusion d’informations d’intérêt public comme pierre angulaire de la liberté des médias.