Audition de l’ONDRAF et gestion des déchets radifères d’Umicore: veiller à l’assainissement du site et à la constitution de provisions financières suffisantes

Début février, une audition de l’ONDRAF était organisée à la Chambre au sujet de la sûreté nucléaire, avec un focus sur la gestion à long terme des déchets radifères d’Umicore.

Nous avions déjà eu une audition à la mi-décembre sur ce même volet avec l’AFCN concernant :

  • Les rapports de 4,7 microSieverts par heure sur certains hotspots à l’extérieur du site d’Umicore à Olen (au lieu de 0,13 à l’instant où je vous parle ici à Bruxelles),
  • Afin de documenter ce risque, la RTBF a même envoyé un prélèvement de sol à l’ACRO. Ce laboratoire agréé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire française a identifié des concentrations en radium 226 à hauteur de 22.300 Bq/kg.
  • L’absence de pancartes d’avertissements…

Là, j’ai rencontré des habitants qui se baladaient le long du canal, des enfants qui se baignaient, sans se douter une seconde que certains hotspots à proximité dépassaient les seuils de radioactivité des zones d’exclusion de Fukushima.

Mais il était capital d’aussi entendre l’ONDRAF, l’organisme national de gestion des déchets radioactifs… Et vu qu’on parle ici de la plus grande décharge radioactive du pays, je crois qu’une audition est la bienvenue.

Je tenais à interroger l’ONDRAF sur 2 volets !

1. L’assainissement du site

Il y a une contamination historique au radium sur le site. Et on le sait, le radon a une fâcheuse tendance à se disperser. Et oui, aujourd’hui, la contamination atteint le domaine publique, dans des doses qui ne sont pas acceptables.

Sorry, ça ne va pas !

Dans les principes de radioprotection contenu dans la directive européenne 2013/59/Euratom figure le principe d’optimisation qui consiste à maintenir l’exposition du public au niveau le plus faible qu’il soit raisonnablement possible d’atteindre !

À court terme…

Selon ce principe, l’AFCN et l’ONDRAF devraient agir avec Umicore pour au minimum enlever les terres de ce hotspot. C’est réalisable et ce ne sont pas des mesures qui représentent un coût insurmontable. On parle de quelques mètres cubes. Bien entendu l’assainissement à terme du site d’Olen va coûter très cher. Mais, dans un premier, il faut assainir rapidement ces hotspots.

Quid aussi des eaux souterraines qui sont contaminées ?

=> Pouvez-vous nous donner un calendrier d’enlèvement, de séparation, de traitement et de conditionnement en vue de l’entreposage et/ou du stockage des déchets radioactifs d’Umicore ?

=> Pouvez-vous accepter que des déchets radioactifs soient entreposés dans des décharges non autorisées, et même répandus dans le domaine public, dans certains sentiers ?

À long terme…

Imaginons un instant qu’en 2100, la science n’a pas évolué, et que la société veuille « coûte que coûte » enfouir les déchets radioactifs, à 400 mètres sous terre…

L’ONDRAF nous dit déjà que la première estimation indicative est de 10.000 m³ de déchets radioactifs potentiellements destinés au stockage géologique, rien que chez Umicore… Mais c’est énorme !

Est-ce que nous parlons bien d’un potentiel dédoublement de la future installation de stockage géologique ? Vu que le volume actuel est de 11.000 m³ ?!

Sinon, quelle alternative pour les déchets de plus de 1000 Bq/gr ?

2. Les provisions

En fait, c’est sincèrement ce qui m’inquiète le plus comme représentant du peuple : l’aspect financier. En aucun cas, la population belge ne doit trinquer pour la facture des déchets radifères d’Umicore à Olen !

Imaginez-vous deux secondes que quelqu’un vienne déverser des tonnes de radium et d’uranium radioactif dans votre jardin. Et qu’il vous dise : « ok, c’est pollué, mais vous pourrez bien attendre quelques dizaines d’années… ce sont vos enfants qui paieront » Non, vous lui demanderiez de tout nettoyer, maintenant.

Selon le principe pollueur-payeur. Comme pour les provisions nucléaires.

À ce jour, Umicore n’a provisionné que 30 millions d’euros. Heureusement, la ministre m’a répondu la semaine passée que ces 30 millions ne concernent que l’entretiens et le contrôle de l’installation d’entreposage, et les mesures conservatoires pour D1 et S1… Ok, ça se comprend, car c’est effectivement très peu.

D’où ces questions : selon une première estimation, comme c’est le cas pour les déchets nucléaires, à combien évaluez-vous le coût de la gestion à long terme des déchets radifères d’Umicore à Olen ?

Si les 30 millions ne servent qu’à l’entretien, est-ce que je comprends bien qu’il n’y a aujourd’hui pas 1 € de provisionné pour la gestion à long terme des déchets radifères d’Umicore à Olen ?

Et si c’est vrai, comme parlementaire, j’invite vraiment l’ONDRAF à mettre les bouchées doubles pour exiger d’Umicore de constituer, au plus vite, des provisions de base pour la gestion à long terme de ses déchets !

Cela fait 50 ans que ces déchets sont là ! Et c’est la première fois que nous organisons des auditions spécifiques au Parlement pour suivre ce dossier. Et je ne veux pas sortir de cette audition (et de mon mandat dans quelques années) sans que les choses aient pu enfin bouger, tant pour l’assainissement du site que la constitution de provisions financières suffisantes pour la gestion à long terme des déchets radifères d’Umicore.

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