Le 22 janvier 2021 est un jour historique pour la politique internationale. Ce vendredi, le traité des Nations unies sur l’interdiction des armes nucléaires est entré en vigueur. Ce traité interdit l’utilisation, la mise au point, l’essai, la production et la possession d’armes nucléaires. Non sans importance pour notre pays, l’entreposage des armes nucléaires appartenant à d’autres pays est également interdit. Désormais, les armes nucléaires sont tout simplement illégales.
Une carte blanche cosignée avec Vicky Reynaert (SP.a / Vooruit) et mon collègue Guillaume Defossé.
Ce traité peut compter sur un grand soutien dans le monde entier. Les sondages d’opinion montrent qu’une large majorité partage la conviction que les armes nucléaires doivent être interdites. En Belgique, 77 % des citoyens pensent que notre gouvernement devrait soutenir ce traité, comme le montre un sondage de la Coalition belge contre les armes nucléaires. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas, et la Belgique n’a pas signé ce traité. Il convient de préciser que la dissuasion nucléaire est une composante essentielle de la stratégie actuelle de l’OTAN.
Mais le gouvernement belge va cependant examiner comment le traité d’interdiction peut donner un nouvel élan au désarmement nucléaire multilatéral. Car cette stratégie, dans le cadre du Traité de non-prolifération, va dans la mauvaise direction. Le nombre d’États qui possèdent des armes nucléaires n’a fait qu’augmenter, passant de cinq à neuf, la Corée du Nord étant le dernier arrivé. C’est pourquoi les États membres de l’OTAN devraient également assumer un rôle dans le désarmement nucléaire.
C’est également le rôle que nous envisageons pour la Belgique. L’accord de coalition stipule que la Belgique continuera à travailler activement pour le désarmement et la non-prolifération nucléaires au niveau mondial, qu’elle jouera un rôle proactif dans la conférence de révision du Traité de non-prolifération cette année et qu’elle examinera, avec les alliés européens de l’OTAN, comment le traité d’interdiction des Nations Unies peut donner “un nouvel élan au désarmement nucléaire multilatéral”.
De plus, l’année 2021 offrira un contexte international favorable à de nouveaux efforts de contrôle des armes nucléaires : la nouvelle administration Biden offre une opportunité pour un éventuel redémarrage des accords nucléaires avec l’Iran et le renouvellement du traité “New Start” sur les armes stratégiques entre les États-Unis et la Russie. Cette année, il y aura également des élections aux Pays-Bas et en Allemagne, ce qui peut conduire à de nouvelles coalitions qui pourraient s’orienter vers des efforts supplémentaires en faveur du désarmement nucléaire.
Pour nous, la Belgique doit jouer un rôle de pionnier afin de faire quelques pas dans la bonne direction et cela dans un avenir proche. En tant que partis, nous ne croyons pas en la dissuasion nucléaire comme modèle, car les conséquences d’une attaque nucléaire sont catastrophiques. C’est pourquoi, pour nous, la Belgique doit systématiquement faire passer le message du désarmement nucléaire au niveau international. Dans ce processus, nos partis continuent bien sûr à soutenir le retrait des armes nucléaires présentes en Belgique. Il faut aussi une plus grande transparence sur cette question. Deuxièmement, notre gouvernement a une occasion unique cette année, lors de la dixième conférence d’examen du Traité de non-prolifération, de déclarer fermement que le désarmement nucléaire doit être accéléré, et que nous jouerons un rôle de pionnier en la matière. De manière plus spécifique, la Belgique peut chercher auprès de nos alliés une nouvelle politique sur les armes nucléaires au sein de l’OTAN.
Troisièmement, notre pays doit exhorter les puissances nucléaires à négocier un nouveau traité de contrôle des armes nucléaires qui couvre toutes les armes nucléaires, qu’elles soient stratégiques ou non.
Enfin, nous devons nous interroger sur notre attitude actuelle à l’égard du Traité des Nations unies sur l’interdiction des armes nucléaires qui est entré en vigueur ce vendredi. Cela pourrait apporter une contribution significative au désarmement nucléaire. Quatre-vingt-six pays ont déjà signé ce traité, dont les États membres européens que sont l’Irlande, Malte et l’Autriche. Manquent à l’appel les États membres de l’OTAN et les pays qui possèdent eux-mêmes des armes nucléaires. Il est nécessaire qu’au moins un débat soit lancé en Belgique sur le rôle que notre pays veut jouer par rapport à ce traité, et de voir si au moins un statut d’observateur y est possible. De cette façon, ce traité pourra contribuer à un monde plus sûr, sans armes nucléaires. C’est-à-dire exactement ce à quoi tous les partis de ce gouvernement se sont engagés.