Souvenez-vous : en 2017, le Ministre de l’Intérieur de l’époque, Jan Jambon (N-VA), avait décidé de la fin progressive des sirènes d’alerte Seveso (chez nous, autour de la Centrale nucléaire de Tihange et de certaines usines à Engis). Mais il disait que certaines communes ou entreprises pourraient en reprendre la gestion. Christophe Collignon avait ainsi évoqué la possibilité de reprendre quelques sirènes à Huy aux frais de la Ville. Sur plusieurs sites web de communes des alentours de la Centrale nucléaire de Tihange, on peut toujours lire qu’en cas d’alerte nucléaire, les sirènes retentissent (exemple à Wanze) !
Mais attention : il n’y a plus aucune sirène qui fonctionne ! J’ai interpellé le Ministre de l’Intérieur, Pieter De Crem, à la Chambre et il le confirme : la commande centrale a été retirée, il n’est plus possible d’utiliser ces sirènes, ni même pour faire des tests.
Les sirènes sont remplacées par le système Be-Alert par SMS. Pour moi, même s’il est judicieux de développer d’autres canaux d’alerte par e-mail, SMS ou ligne fixe pour communiquer de manière plus ciblée en cas de catastrophe nucléaire, le dernier exercice a démontré que Be-Alert n’était pas encore à même de toucher tout le monde. Tout simplement parce que tout le monde n’a pas un GSM allumé 24h/24 qui peut nous alerter si nécessaire dans la seconde.
Le Ministre annonce que le prochain test national de Be-Alert aura lieu le 1er octobre 2020 prochain. Pour moi, il faudra alors tester l’efficacité de l’alerte SMS par rapport aux anciennes sirènes Seveso (via un sondage, demander si la population confirme avoir été correctement informée). Il faudra que toutes les leçons puissent être tirées de ce test national. On a vu durant la crise du Covid-19 à quel point l’information était capitale pour sensibiliser la population aux meilleurs gestes barrières. Il faut que nous puissions aussi évaluer, si nécessaire via un test grandeur nature, une alerte nucléaire dans notre région. J’interviendrai à nouveau au Parlement pour que le gouvernement fédéral ne délaisse pas cette tâche aux seules communes de l’arrondissement, mais qu’il investisse efficacement dans l’information et la protection de la population en cas de situation d’urgence.
Question de Samuel Cogolati à Pieter De Crem (Sécurité et Intérieur) sur “Les sirènes d’alerte nucléaire”
Samuel Cogolati (Ecolo-Groen): Monsieur le président, monsieur le ministre, depuis la décision en 2017 de stopper les investissements dans le réseau des sirènes d’alerte, le réseau des sirènes d’alerte nucléaire a-t-il complètement été démantelé dans les communes autour des zones d’urgence nucléaire comme Tihange et Doel ? Quand (et à quel moment précis) les derniers tests sonores d’alerte ont-ils eu lieu ? Pourquoi ne sont-ils plus testés tous les 3 mois ? Les haut-parleurs ont-ils complètement disparu ou sont-ils encore utilisables en cas d’alerte nucléaire ? Sur les 570 sirènes installées autour des usines comportant des risques Seveso et des zones nucléaires (à Doel, Mol-Dessel, Tihange, Fleurus, Chooz et Borssele), les sirènes existent-elles encore ou ont-elles disparu ? Pourriez-vous m’indiquer quelles sirènes sont encore opérationnelles et pourquoi ? Avez-vous reçu des avis depuis 2017 qui vous incitent à redémarrer les sirènes d’alerte sonore et à les tester plus fréquemment ? Des réparations sont-elles nécessaires ? Quels entretiens sont-ils normalement imposés pour les sirènes d’alerte sonore ?
Comment le réseau BE-Alert peut-il assurer une alerte aussi rapide et accessible qu’une alerte sonore générale ? Comment le signal NBC est-il diffusé ? Le Bourgmestre ou le Gouverneur peut-il directement lui-même déclencher BE-alert ou doit-il passer obligatoirement par le Centre de crise du Ministère de l’Intérieur pour l’activer ? Peut-il pareillement encore déclencher une alerte sonore en cas d’incident nucléaire ? Quid des personnes qui ne sont pas inscrites à BE-alert ? Quid si l’incident a lieu durant la nuit, et les GSM / e-mails sont alors coupés ? Comment alors faire sonner l’alerte sans compter exclusivement sur les véhicules de secours qui seront forcément insuffisants ?
Quelles sont les communes qui n’ont pas encore adhéré à BE-Alert et qui se situent néanmoins dans une zone d’urgence nucléaire (à Doel, Mol-Dessel, Tihange, Fleurus, Chooz et Borssele) ?
Alors que les sirènes sonores étaient testées chaque premier jeudi du mois, à quand remontent les derniers tests de BE-Alert dans les zones d’urgence nucléaire ? Quels sont les prochains tests BE-Alert planifiés dans une zone d’urgence nucléaire comme autour de Tihange ?
Pieter De Crem, ministre: Monsieur le président, monsieur Cogolati, le réseau des sirènes a été mis hors service fin 2018. La commande centrale a été retirée et il n’est plus possible d’utiliser les sirènes pour alerter la population, ni même pour réaliser des tests. Plusieurs sirènes ont déjà été physiquement retirées par le personnel du Centre de crise national.
Pour ce qui est des autres sirènes ou pylônes (?) encore en place, une procédure de marché public est en cours. Une période de 18 mois a été prévue pour l’exécution du marché, de telle sorte que l’ensemble du réseau des sirènes devrait normalement être matériellement retiré début 2022. Une reprise de sirènes ou une réutilisation des pylônes (?) par des parties intéressées a été examinée mais n’était finalement pas concluante d’un point de vue juridique. Par conséquent, cette piste n’a pas été suivie.
Le réseau des sirènes a été remplacé par une plate-forme technologique d’alerte multicanale, BE-Alert, que vous connaissez. Les autorités peuvent tester le système BE-Alert chaque premier jeudi du mois. En outre, un environnement de simulation est également disponible pour familiariser l’utilisateur avec l’application sans qu’un message ne soit réellement envoyé. Un test national sera organisé le 1er octobre 2020 et toutes les communes seront invitées à y participer en envoyant un message test ce jour-là. Elles peuvent en même temps inciter leurs habitants à s’y inscrire pour recevoir un tel message en cas d’alerte réelle.
BE-Alert peut être concrètement activé par chaque bourgmestre et gouverneur de manière autonome. Grâce à cette approche d’alerte locale et directe, BE-Alert répond à la nécessaire vitesse d’activation et à la connaissance locale du terrain pour une alerte optimale de la population concernée.
Samuel Cogolati (Ecolo-Groen): Monsieur le ministre, je vous remercie. Il avait été un temps question de garder les sirènes uniquement pour l’alerte nucléaire dans les environs de Doel et de Tihange. Ce n’est donc plus d’actualité.
Pieter De Crem, ministre: Non. Il en est de même auprès de nombreux services de secours et de soutien, la protection civile et les sapeurs-pompiers. Les gens sont alertés mais ils ne le sont plus au moyen des sirènes. Elles sonnaient normalement le premier jeudi du mois.
Samuel Cogolati (Ecolo-Groen): Effectivement, j’avais l’habitude de recevoir l’alerte tous les premiers jeudis du mois à 13 h 00. Ce n’est donc plus le cas. À titre personnel et pour avoir habité dans les environs d’une installation nucléaire de classe 1, je m’inquiète du fait que les gens ne recevront pas les messages sms BE-Alert lorsque leur téléphone est coupé, par exemple en pleine nuit. Or une sirène SEVESO, on l’entend et elle peut nous alerter.
Même si ce système a montré ses limites ces dernières années et s’est avéré présenter un coût peut-être trop important pour votre ministère, il me semble que ces sirènes avaient une certaine fonction de sûreté et je ne fais que constater que cette fonction de sûreté et d’alerte ne peut pas être efficacement remplacée par des messages SMS.