Stop à l’hypocrisie. Cela fait des années que j’alerte sur de possibles génocides en cours en Chine contre les Ouïghours, au Kivu ou au Haut-Karabagh. Mais ce que je ne supporte pas, c’est quand certains se permettent d’appliquer le droit international à la carte. Comme si nos valeurs & obligations ne valaient que pour une partie de l’humanité et pas les autres ?
Voici le texte de mon interpellation de la Ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, lors de la dernière plénière :
Madame la Ministre,
Vous connaissez mon engagement constant pour alerter sur un possible génocide en cours que ce soit en Chine, au Kivu ou au Haut-Karabagh.
Mais ce que je ne supporte pas, c’est quand certains ici s’arrogent le droit d’appliquer le droit international à la carte, quand ça leur chante. Comme si nos valeurs & nos obligations ne valaient que pour une partie de l’humanité, mais pas pour les autres ?
Il faut arrêter l’hypocrisie.
Depuis des semaines, les rapporteurs spéciaux des Nations Unies tirent la sonnette d’alarme sur le risque génocidaire contre les Palestiniens de Gaza.
Il y a déjà 24.000 morts. Et la grande majorité sont des femmes, des ados, des enfants innocents. Les civils ne sont plus des victimes collatérales, mais les cibles de l’armée israélienne. Le ministre de la Défense israélienne parle d’« animaux humains » ; d’autres ministres veulent, je cite, « tout éliminer ».
Résultat ? Je ne sais pas si vous avez vu ces images glaçantes à Gaza ? Les survivants, affamés, courent après les quelques rares camions de nourriture.
Stop. Ça suffit.
L’intervention de la Belgique devant la Cour internationale de Justice est une « obligation ». Ce n’est pas moi qui le dit, mais 20 professeurs de droit international ce matin. Et ils ont raison !
Les Verts refusent aussi catégoriquement que notre pays reste les bras ballants devant le massacre en cours, sous nos yeux, à Gaza.
Madame la Ministre, ma demande est simple : je ne vous demande PAS de choisir un camp. Non. Je vous demande juste de laisser la Justice trancher. Alors, allez-vous intervenir au nom de la Belgique dans la procédure à La Haye?
Et face aux raids militaires américains et britanniques contre les Houthis au Yémen, qu’allez-vous faire, à la tête de l’Union européenne, pour empêcher l’embrasement de tout le Moyen Orient ?
Réponse de la Ministre :
“J’aimerais vous dire d’emblée que rien ne nous préoccupe plus que la situation au Moyen-Orient. Au premier chef, à cause du décompte macabre qui continue jour après jour. Ensuite, à cause des risques de régionalisation du conflit de plus en plus présents. C’est pourquoi, ce lundi, le premier Conseil Affaires étrangères sous présidence belge mettra à l’agenda le conflit au Moyen-Orient avec la participation des pays de la région concernés.
Wij zullen een sterke boodschap overbrengen en aandringen op de urgentie met betrekking tot een terugkeer naar het vredesproces. Het geweld moet stoppen.
La violence doit cesser!
S’agissant de la Cour internationale de Justice, comme vous le savez, la Belgique est un des pays les plus engagés en termes de défense du droit international. Je tiens à préciser que l’option d’une intervention dans la procédure n’est pas ouverte pour l’instant. L’Allemagne est le seul pays qui a dit que, si cette procédure venait à s’ouvrir, elle y contribuerait en défendant Israël et en démentant les accusations de génocide. Nous consultons pour l’instant les autres États membres. Nous verrons, le cas échéant, quelle décision nous prendrons avec le reste du gouvernement au moment où cette question se posera et nous interviendrons le cas échéant, comme nous l’avons d’ailleurs fait lors de l’affaire Russie-Ukraine.
Ce qui s’est passé à Gaza et en Israël depuis le 7 octobre 2023 est innommable. Des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ont probablement été commis. Bien sûr, justice doit être rendue! Il faut toutefois être prudent quant aux termes qu’on utilise. Quand on parle de génocide, “l’intention de détruire en tout ou en partie un groupe national, ethnique, religieux ou racial, comme tel, doit être établie”.
Het Internationaal Strafhof onderzoekt reeds beschuldigingen van oorlogsmisdaden, misdaden tegen de menselijkheid en misdaden van genocide. België steunt dit onderzoek. Ons land heeft al 5 miljoen euro toegewezen aan het Strafhof om de onderzoekscapaciteit te versterken.
J’en viens à présent à la situation critique en mer Rouge.
Wij veroordelen de aanvallen van de Houthi’s. Het risico voor de vrijheid van scheepvaart en de regionale stabiliteit is reëel. Deze aanvallen brengen het leven in gevaar van de bemanning van de schepen die deze strategische zeeroute gebruiken om goederen te vervoeren. Het is ook een gevaar voor onze economie en onze welvaart.
Près de 12 % du commerce maritime mondial passe normalement par le détroit de Bab el-Mandeb mais, depuis mi-novembre, le nombre de conteneurs en circulation a diminué de 70 %. Il s’agit de nos intérêts nationaux, du pouvoir d’achat des Belges, de la sécurité de nos citoyens dans la région, de l’approvisionnement mondial en céréales, en produits alimentaires et en énergie.
Duizenden werknemers van de Volvofabriek in Gent zaten dagen zonder werk door een gebrek aan bevoorrading. De aanvallen van de Houthi’s hebben ook een grote impact op de humanitaire hulp aan Gaza en Jemen. Deze hulp gaat immers over zee en de aanvoer ervan wordt vertraagd.
Les Houthis justifient cette attaque en représailles à ce qu’il se passe à Gaza. Mais ce narratif est inacceptable. D’abord, parce qu’il justifie d’autres attaques menées contre des civils. Ensuite, parce que ces violences sont menées par un groupe rebelle qui a mis à feu et à sang le Yémen et déstabilise la région depuis plusieurs années.
La sécurité maritime dans cette zone doit être préservée. Les opérations EMASoH et Atalanta ne contribuent pas à la sécurité dans la mer Rouge. C’est pourquoi l’Union européenne envisage d’autres actions. Elle prépare une opération dans le cadre de sa politique de sécurité et de défense commune pour assurer la sécurité maritime, à l’instar de l’opération Prosperity Guardian, qui a été lancée par les États-Unis en décembre.
Plusieurs de nos partenaires européens ont déjà pris des mesures concrètes pour sauvegarder leurs intérêts en mer Rouge. La Belgique doit, elle aussi, prendre ses responsabilités. Mais, je tiens à le préciser, il n’est pas question ici que la Belgique participe à des bombardements au Yémen.
De tijd dringt. De geloofwaardigheid van ons land staat op het spel. België heeft de plicht om deel te nemen aan die operatie op Europees niveau, om onze solidariteit en onze inzet voor onze bondgenoten te tonen.“
Réplique
J’aimerais tordre le cou à trois clichés entendus lors de ce débat. D’abord, sans aucune ambiguïté, c’est bien à la Cour pénale internationale, que notre pays soutient, de poursuivre et de condamner les atrocités commises par le Hamas depuis le 7 octobre, y compris – et je le dis sans ambiguïté – la commission d’un possible crime de génocide. En revanche, là où nous ne sommes pas d’accord, c’est que je ne vois pas le problème pour la Cour internationale de Justice à La Haye de faire son job et de déterminer s’il y a violation de la convention onusienne de 1948 qui réprime la commission du crime de génocide.
Ensuite, même la guerre connaît des règles. Donc, oui, la légitime défense ne donne aucun droit à Israël de commettre des crimes contre des populations civiles.
Enfin, en mer Rouge, je ne comprendrais évidemment pas que nous parvenions en deux temps trois mouvements à monter une opération militaire de plus au Yémen alors qu’après cent jours, les populations crèvent sous les bombes à Gaza et que nous ne parvenions même pas à intervenir dans une procédure judiciaire.