Je n’ai jamais compris pourquoi l’histoire de la colonisation et du Congo indépendant avait si peu été enseignée à l’école. Cela faisait longtemps que je rêvais de découvrir la RDC, ce magnifique pays-continent. Mais la mission parlementaire durant ce congé de Toussaint à Kinshasa avec André Flahaut (PS) et Nahima Lanjiri (CD&V) m’a aussi ouvert les yeux :
- sur la pauvreté qui frappe les trois quarts de la population dans une société duale où une infime minorité capte la majorité des ressources,
- l’insécurité alimentaire de 22 millions de personnes (le plus grand nombre jamais enregistré pour un seul pays),
- les millions de morts innocents et de victimes de violences sexuelles depuis 1996 dans l’Est,
- la corruption qui enrichit une minuscule élite aux dépens de la majorité,
- la forêt tropicale du bassin Congo, le deuxième poumon de la planète après l’Amazonie, qui risque d’être vendue et abattue par les vautours étrangers.
Certains voudraient croire ici en Belgique que la colonisation, c’est le lointain passé, que la page est définitivement tournée. Mais il y a quelque chose qui devrait nous réveiller ici et maintenant. L’instabilité et la violence actuelle en RDC sont alimentées par la folie extractiviste des grandes puissances (comme la Chine… ou même certains Belges !) qui se ruent sur l’or, les diamants, le coltan, le cobalt, le cuivre, les essences précieuses de bois … en soudoyant certains dirigeants, en usant de groupes criminels armés et en se contrefichant des populations locales.
60 ans après l’Indépendance, j’ai l’impression qu’on se sert toujours du Congo comme un paquet de chips en essayant de se remplir les poches le plus vite possible. Ça doit stopper. Je veux faire de la lutte contre ces pillages néocoloniaux une priorité de mon mandat au Parlement.
Il est urgent d’écouter les vraies préoccupations des Congolais-es : la sécurité, l’alimentation, l’éducation, la santé, le travail, les droits des femmes, des élections libres.
Il y a quelque chose d’admirable dans la résilience du (très jeune) peuple congolais et le courage de la société civile (comme Mama Irène de Greenpeace Afrique ou Jimmy Kande qui luttent contre la corruption et avec qui j’ai passé des moments mémorables).
J’ai compris que pour eux, il ne suffisait pas d’exorciser le passé colonial pour se donner bonne conscience en Belgique ; il faut aussi (sans donner de leçons) aller de l’avant, les aider concrètement et sincèrement à se construire un avenir plus juste et durable dans un État (de droit) réellement indépendant. On ne peut pas prétendre réparer l’histoire sans faire justice aujourd’hui.
J’étais fier de pouvoir relayer ce message au Président Félix Tshisekedi et son gouvernement, et je ne lâcherai rien pour mes amis congolais de retour ici en Belgique.