Photo de Fred Paulussen
Cette semaine, à l’invitation du Cercle du Libre Examen (ULB), j’ai participé à une conférence sur le nucléaire en compagnie d’Anicet Touré, cofondateur du think tank “Horizon 238”, et de Dominique Gusbin, économiste de l’énergie depuis 1985 et membre du Bureau fédéral du Plan.
L’analyse de Dominique Gusbin a particulièrement retenu mon attention. Je vous en propose 5 extraits.
Extrait n°1 : sur la réalité du débat actuel (prolonger ou pas 2 unités nucléaires, sources de production de 2GW) et sur les résultats d’une nouvelle mission légale confiée au Bureau fédéral du Plan d’évaluer les programmes électoraux. Bilan sur le nucléaire en 2019 : seuls la N-VA et le Vlaams Belang ont proposé des “scénarios” nucléaires.
Extrait n°2 : sur l’impact d’une prolongation de 2 GW sur les émissions de gaz à effet de serre du secteur électrique. Un impact mineur au niveau belge, et encore plus mineur quand on élargit le champ au niveau européen (une prolongation de ces deux unités permettrait de diminuer d’à peine 1,2% les émissions européennes de gaz à effet de serre – “une goutte d’eau dans la transition énergétique”, pour reprendre les mots de Dominique Gusbin).
Extrait n°3 : sur le coût de la sortie ou non du nucléaire et l’impact sur la facture du consommateur. Là aussi, selon le Bureau du Plan, si prolonger 2 GW nucléaire permet une facture moindre… c’est dans une mesure très faible correspondant à 4€ de différence en se basant sur une consommation moyenne.
Extrait n°4 : sur la sécurité d’approvisionnement et l’indépendance énergétique. Pour Dominique Gusbin, “même si on prolonge 2 GW nucléaire, on a besoin de centrales au gaz.” Et d’insister sur la distinction à réaliser entre la centrale au gaz, qui est une technologie, et le type de gaz qu’elle peut avaler… “Donc le fait d’avoir des centrales au gaz en Belgique ne contraint pas à émettre davantage de CO2 car on peut progressivement envisager de remplacer le gaz naturel par des gaz n’émettant pas de CO2”, indique Dominique Gusbin. Elle souligne aussi que pour elle “la sécurité d’approvisionnement” n’est plus un concept national, mais un concept européen grâce au développement des interconnexions.
Extrait n°5 : sur l’option d’investir dans une nouvelle centrale nucléaire… Tout en rappelant que la “catastrophe” dixit que représentent les expériences finlandaise et française, Dominique Gusbin rappelle que, contrairement à des pays comme la Chine ou l’Inde, qui connaissent une croissance exponentielle de la consommation en électricité, la demande chez nous est quasiment plate depuis cinq ans.