Non au déversement imminent des eaux radioactives de Fukushima

Au Japon, le gouvernement s’apprête à officialiser une décision pour le moins préoccupante : le rejet dans l’océan Pacifique de plus d’un million de m³ d’eaux radioactives, soit l’équivalent d’environ 400 piscines olympiques, actuellement stockées sur le site de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. Les écologistes appellent la Belgique et l’Europe à tout mettre en oeuvre afin d’éviter ce déversement aux conséquences profondément néfastes tant pour l’écosystème marin que pour nos concitoyens et les générations à venir. En effet, l’exploitant de la centrale (TEPCO) reconnaît lui-même la présence dans ces eaux stockées d’éléments radioactifs, comme le tritium, à des niveaux gravement nuisibles à la santé.

Pour moi, le Japon ne peut décider seul du sort d’un océan entier, patrimoine mondial de l’humanité. Que les choses soient claires : un tel rejet des eaux contaminées dans l’océan représente une violation flagrante du droit international, voire même d’un crime d’écocide, au sens de ma proposition faite au Parlement en juillet dernier. Conformément à la Charte des Nations unies et aux principes du droit international, les États ont le devoir de faire en sorte que les activités exercées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de dommage à l’environnement dans d’autres États ou dans des régions ne relevant d’aucune juridiction nationale.

Nous devons donc activer tous les leviers politiques pour empêcher cette catastrophe. Les océans ne sont pas une poubelle. On connaît déjà le 7e continent de plastique, évitons à présent un 8e continent radioactif.

À cette fin, je mets sur la table quatre pistes d’actions concrètes : (i) suspendre de toute urgence toute décision de rejet sans consultation préalable de la communauté internationale, (ii) envoyer un groupe de scientifiques indépendants pour évaluer les conséquences environnementales, sanitaires et radiologiques du rejet et proposer des alternatives plus respectueuses des écosystèmes, (iii) interdire dans un traité international sur le Pacifique les déversements radioactifs, et (iv) renforcer les contrôles sur les importations d’aliments du Japon, comme ceux issus de la pêche, en Belgique.

J’ai déjà remis ce sujet à l’ordre du jour de la prochaine commission des relations extérieures de la Chambre. Après que le Ministre Goffin m’ait récemment répondu au Parlement qu’il s’opposerait à ce déversement, j’espère que la Belgique pourra aussi mobiliser ses voisins européens pour faire pression sur le Japon. Car nous ne pouvons rester les bras croisés devant une décision qui altérerait de façon si grave et durable l’écosystème du Pacifique, dont dépend la vie de millions d’êtres humains (y compris la nôtre via la consommation de poissons pêchés au Japon par exemple). Vous ne rejetez pas n’importe quoi dans votre évier, il me semble logique d’exiger la même probité de la part de l’exploitant nucléaire de Fukushima.

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