Ce mardi 10 novembre, j’ai interrogé la Ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), concernant le foyer de coronavirus à la centrale de Doel (annoncé par Engie Electrabel), mais aussi la situation à Tihange (jamais évoquée jusqu’à présent par l’exploitant). Il ressort que Tihange est en réalité encore plus impacté que Doel avec 127 personnes (82 collaborateurs et 45 sous-traitants) testées positives entre mars et novembre, dont la plus grande majorité seulement au cours du mois d’octobre.
Suite à cette forte augmentation des contaminations durant ces dernières semaines, la Ministre a annoncé des mesures renforcées contre le Covid-19 sur le site de la Centrale nucléaire de Tihange. Le télétravail, jusqu’à présent privilégié, est dorénavant obligatoire pour toutes les fonctions non-critiques. Selon les données du 4 novembre, plus de la moitié du personnel travaille à présent depuis le domicile. Il y a maintenant moins de 500 membres du personnel, et moins de 1000 sous-traitants, sur le site.
J’ai demandé des mesures de protection de la santé du personnel (à la fois direct, pour les employés de la Centrale, et indirect, pour les sous-traitants de l’extérieur). En réponse, la Ministre a indiqué que le personnel de Tihange pouvait se faire tester non seulement avec des tests PCR, mais aussi sérologiques et salivaires. Quant aux mesures de température à l’entrée du site de Tihange, le député Ecolo insiste pour que ces dernières se fassent de manière purement volontaire et anonyme, selon des règles établies en concertation avec les représentants du personnel, pour le respect de la vie privée des travailleurs.
J’ai également exigé des analyses approfondies de vulnérabilité à Tihange tant au niveau de la sûreté que de la planification d’urgence. J’estime qu’il ne faut pas être naïf : une catastrophe nucléaire en cette période de crise sanitaire serait extrêmement difficile à gérer pour nos services d’urgence. Les plans d’urgence internes mais aussi au niveau fédéral doivent être actualisés pour tenir compte des mesures de distanciation physique dans les plans d’évacuation et de la disponibilité en baisse des services de secours, des hôpitaux et même du Centre de Crise pour accueillir des patients irradiés, contaminés ou blessés. A ce sujet, deux exercices ont d’ailleurs été réalisés en septembre et octobre derniers pour expérimenter la gestion d’un incident nucléaire dans le contexte sanitaire actuel.
La Ministre de l’Intérieur a enfin clairement établi un ordre de priorité entre accident nucléaire et pandémie du Covid-19 : “Si les conséquences négatives de l’accident nucléaire dans cette situation spécifique devaient être jugées plus graves que les conséquences négatives que le COVID-19 peut entraîner, les mesures contre le COVID-19 seraient subordonnées à des mesures de protection dans le contexte d’un accident nucléaire”, a jugé la Ministre.