Première depuis dix ans : une mission menée par un, en l’occurrence une Première ministre belge en République Démocratique du Congo. L’occasion d’interpeller et d’alerter la Première ministre sur différents points. Entre pauvreté, mauvaise gouvernance, corruption et violences.
Le jeudi 6 février 2020, la Première ministre, Sophie Wilmès, rencontrait à Kinshasa Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo (RDC) depuis le 24 janvier 2019.
C’est la première mission menée par un Premier ministre belge depuis dix ans. Elle incarne la relance des relations bilatérales entre nos deux pays, sujettes à de graves tensions suite au report de l’élection présidentielle d’abord prévue en 2016…
Les désaccords, rappelons-le, avaient conduit à la suspension du Programme de partenariat militaire en 2017, à la révision de la coopération au développement belge, à la cessation des activités de notre agence de développement (Enabel), ainsi qu’à la fermeture du consulat général à Lubumbashi et de la maison Schengen à Kinshasa.
Un an après l’alternance au sommet de l’État, c’est important de faire le point ! Quatre éléments m’inquiètent aujourd’hui au plus haut point :
- Le peuple congolais continue à croupir dans la misère. Les facteurs de développement sont au plus bas.
- En même temps, la corruption continue. Plusieurs rapports nous indiquent l’enrichissement d’une petite élite aux dépens du plus grand nombre. Certains généraux ont ainsi détourné la solde de leurs soldats.
- L’Est du pays reste complètement instable ! En réalité, on n’a jamais compté autant de morts en moins d’une année dans cette partie du pays.
- Malgré une pétition qui a reccueilli plus de 2 millions de signatures, les élections locales semblent être renvoyées aux calendes grecques. Or, on n’a pas d’Etat de droit sans démocratie locale. Les mandataires locaux doivent être élus par le peuple lui-même.
Je plaide pour un rééquilibrage effectif de l’allocation de ressources de l’humanitaire et du sécuritaire vers le développement. Plus concrètement, il s’agit de donner une orientation davantage tournée vers la relance économique de la RDC et non plus vers le « tout sécuritaire », en encourageant l’agriculture familiale, l’infrastructure et l’éducation !
Il serait également essentiel selon moi d’amplifier l’implication de la société civile, en tant qu’amortisseur des risques de violence, dans les processus spécifiques de dialogue politique et de médiation, plus particulièrement dans les initiatives de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) communautaire, tout en renforçant l’approche holistique du DDR.
Nous devons établir des relations justes dans un partenariat franc et sincère, et d’aider la RDC à trouver des solutions durables aux crises multiformes dans lesquelles elle se trouve.
La RDC n’est pas condamnée à rester toujours dans la pauvreté, dans la mauvaise gouvernance, dans la corruption, dans les violences.