De retour du Venezuela, où l’urgence d’élections libres et transparentes est criante

Dans le cadre de mon mandat pour l’Inter-Parliamentary Union (UIP), je suis parti six jours au Venezuela, pays en proie aux pires crises planétaires de la dernière décennie :

  • Le PIB a chuté de 80 % depuis 2013. 1 Bolivar vaut 0,000000000002 €. Tout est devenu hors de prix. On paie tout en millions, sauf que les gens ne gagnent plus rien.
  • J’ai rencontré une prof d’université qui gagne 8$ par mois. Les gens ont faim. Ils manquent de tout. D’eau potable, de médicaments, d’aliments. Les coupures d’électricité sont fréquentes. Il y a d’interminables files devant les pompes à essence alors que le pays dispose des premières réserves de pétrole au monde devant l’Arabie saoudite. Les sanctions drastiques des USA (comme pour Cuba ou l’Iran) aggravent encore les conditions de vie.
  • Plus de 5 millions de Vénézuéliens ont été forcés de quitter le pays (une émigration comparable à la Syrie).
  • Avec 12.000 morts violentes par an, le Venezuela est un des pays les plus dangereux au monde.
  • Et pour ne rien arranger, les grandes puissances de ce monde se disputent les richesses minières du sous-sol, causant ce que certains appellent ici, déjà dans le langage courant (ce qui me marque), un « écocide ».

Pas de bombardements. C’est une guerre de tranchées essentiellement politique, entre 2 camps (si je simplifie à l’extrême), qui déstabilise les institutions :

  • D’un côté, la révolution dite « bolivarienne » de Hugo Chavez est défendue par le Président Nicolás Maduro. Maduro a remporté les élections législatives de 2020, et défend l’assemblée de 2020 comme la seule légitime pour représenter le pays. Sauf qu’une grande partie de l’opposition a appelé la population à s’abstenir lors de ces élections de 2020. Le taux de participation n’a pas dépassé 30,5 %. L’UE et les USA ne reconnaissent pas les résultats entachés d’irrégularités.
  • De l’autre côté, le chef de l’opposition, Juan Guaidó, autoproclamé Président et soutenu par plus de 50 pays, dont les USA, maintient que la seule assemblée légitime reste celle élue en 2015.

C’est ici que l’Inter-Parliamentary Union (UIP) est appelée à déterminer quelle assemblée est légitime pour représenter le Venezuela. L’UIP doit aussi examiner plus de 130 plaintes pour violations des droits de l’homme des parlementaires : intimidations, détentions, cas de torture. Voilà la délicate mission à laquelle j’ai participé durant 6 jours avec le Président de l’UIP, et des collègues parlementaires du Bénin, Ouganda, Mexique et Chili.

Je ne peux m’exprimer à ce stade sur les décisions de fond que nous prendrons, mais j’ai été touché par la violence de cette crise politique (« schizophrène », comme disent certains) qui met tout un peuple à genoux. Le dialogue ne réussira que si les responsables politiques, tous bords confondus, se rassemblent et parviennent à placer l’avenir et le bien-être des Vénézuéliens avant leurs égos. Et c’est possible. Durant mes rencontres avec aussi bien Jorge Rodríguez (photo à gauche) que Juan Guaidó (photo à droite), il m’a semblé qu’il y avait dans l’actuel processus de négociations une opportunité historique d’avancer vers de véritables élections libres et transparentes, peut-être encore cette année. En tous cas, il y a urgence.

De retour en Belgique, j’ai eu le bonheur de rencontrer la communauté vénézuélienne à Liège! Merci Vivi Montalvo pour ton initiative : des témoignages tellement forts et des idées que je me réjouis de défendre au Parlement pour les droits humains.