Des élections présidentielles avaient lieu au Bélarus ce dimanche 9 août qui voyaient s’opposer Alexandre Loukachenko, en lice pour un sixième mandat depuis sa prise de fonction en 1994, à Svetlana Tsikhanovskaïa, une enseignante d’anglais sans expérience politique dont l’époux, blogueur d’opposition célèbre, était et est encore détenu en prison pour des motifs décrits par Amnesty International comme strictement politiques.
D’abord présentée comme la prête-nom de son conjoint, Tsikhanovskaïa s’est rapidement imposée comme un catalyseur des foules et une candidate adroite.
Elle est notamment parvenue à rallier à sa campagne Maria Kolesnikova, porte-parole de Viktar Babaryko, ex-banquier en exil empêché de déposer sa candidature, et Veronika Tsepkalo, épouse de l’ex-ambassadeur Valéry Tsepkalo, candidat lui aussi déchu de ses droits civiques, fédérant ainsi toute l’opposition autour de deux promesses en cas de victoire : la libération de tous les prisonniers politiques et l’organisation rapide de nouvelles élections, cette fois authentiquement démocratiques.
Après des décennies de misère, de contrôle dictatorial de tous les aspects de la vie publique et une gestion désastreuse de la crise du coronavirus, le New York Times tenait à bonne source qu’un sondage commandité en secret par le gouvernement à l’académie des sciences de Minsk ne créditait plus le président que d’un tiers d’approbation de la part de sa population.
Or, selon les journalistes internationaux, la participation a atteint un taux sans précédent dans l’histoire du pays avec des files d’attente s’étirant sur plusieurs heures devant les bureaux de vote. Et comme on peine à imaginer que des foules aient pu se déplacer en nombre record pour convertir en plébiscite des élections qui, à en croire l’OSCE, font de toute façon déjà l’objet de fraudes systématiques depuis 1994, il apparaît comme évident qu’il s’agisse là d’une mobilisation inédite des électeurs et électrices avides de changement, crédibilisant l’hypothèse d’une large victoire de Tsikhanovskaïa.
C’est donc avec consternation et colère que les Biélorusses ont découvert dans la soirée du 9 août un premier sondage gouvernemental qui donnait Loukachenko vainqueur avec un score de 80,2 % alors que sa rivale n’aurait réuni que 9,9 % des suffrages. Tsikhanovskaïa a annoncé qu’elle refusait de reconnaître ces résultats qui tenaient de la provocation. Elle a dû, depuis, se réfugier en Lituanie où elle dit craindre désormais pour l’intégrité physique de son mari, toujours en détention au Bélarus. S’estimant dépossédés de leurs élections, des manifestants sont descendus par dizaines de milliers dans les rues, à Minsk comme dans trente autres villes. L’internet mobile a été immédiatement suspendu et n’a toujours pas été rétabli à ce jour. Des brigades de l’OMON, le corps de milice chargé de la gestion des foules, et de la police militaire ont été dépêchées en nombre sur le terrain où elles ont procédé à des arrestations brutales des manifestants pacifiques. L’observatoire biélorusse des violations des droits humains « Viasna » a déjà pu établir avec certitude le décompte tragique d’un mort, des centaines blessés et de centaines, voire des milliers, d’arrestations arbitraires. Des images troublantes circulent où l’on voit des miliciens OMON foncer avec une fourgonnette comme camion-bélier à travers la foule pour la disperser, ou encore celles de journalistes passés à tabac par les forces de l’ordre.
Il est impératif de faire cesser immédiatement toutes ces violences et d’apporter tout notre soutien aux revendications d’élections libres et démocratiques portées par les manifestants !
Au Parlement fédéral, j’exige donc comme le parti vert européen et en solidarité avec le parti vert biélorusse :
– la fin des violences
– la tenue d’un sommet européen extraordinaire pour coordonner une réponse en urgence
– des sanctions fermes à l’encontre des officiels du gouvernement biélorusse, des dirigeants de ses compagnies d’État et des hauts-représentants de ses forces de l’ordre responsables des violences et graves atteintes aux droits humains
– un soutien massif de l’Union européenne pour la société civile et les membres de l’opposition qui résistent en Biélorussie
– le plein rétablissement des droits humains fondamentaux pour tous les citoyens et citoyennes du Bélarus
– de nouvelles élections démocratiques garanties par des observateurs internationaux
J’ai déjà soumis ces demandes au Ministre belge des Affaires étrangères que j’interpellerai dès la rentrée en septembre au Parlement fédéral. Les choses doivent bouger en Europe pour que ce pays retrouve la démocratie !
- Article réalisé grâce aux recherches de mon assistant parlementaire, Thibault Deleixhe