Trafics d’organes sur des minorités en Chine ? Stopper l’horreur

Le Parti communiste chinois procèderait à un trafic d’organes prélevés à la demande de riches receveurs d’organes saoudiens ou autres, sur des musulmans ouïghours. Un trafic pour le moins préoccupant sur lequel il est urgent de faire toute la lumière.

Au mois de février dernier, Mediapart relayait de nombreux témoignages morbides concernant les persécutions que subit la minorité musulmane ouïghoure de la part du gouvernement chinois. Selon l’article, le Parti communiste chinois procèderait à un trafic d’organes prélevés à la demande de riches receveurs d’organes saoudiens ou autres, sur des musulmans ouïghours. Certains de ces prélèvements macabres auraient lieu à vif, alors que les « donneurs » ne seraient pas complètement morts. Les accusations précitées sont confirmées par un éventail de groupes de défense des Droits de l’Homme.

Je pense notamment à l’association ETAC (International Coalition To End Transplant Abuse In China), dont la représentante pour le Bénélux m’a récemment écrit pour m’informer que « le China Tribunal, présidé par Sir Geoffrey Nice, C.R. (qui a été le procureur principal lors du jugement de Slobodan Milosevic au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie – le TPIY), a effectué la toute première analyse juridique indépendante de toutes les preuves disponibles concernant le prélèvement forcé d’organes sur des prisonniers de conscience en Chine, afin de déterminer si le prélèvement d’organes a lieu et quelles infractions pénales, le cas échéant, peuvent avoir été commises par l’État ou des organismes agréés par l’État, des organisations ou des individus en Chine qui pourraient avoir pratiqué le prélèvement forcé d’organes. Le Tribunal a rendu sa conclusion abrégée en juin 2019, et a rendu son jugement complet le 1er mars 2020. »

Les conclusions du jugement rapportent notamment ceci :

« Le prélèvement forcé d’organes est pratiqué depuis des années dans toute la Chine sur une grande échelle et (…) les pratiquants du Falun Gong ont été l’une – et probablement la principale – source d’approvisionnement en organes ».

« En ce qui concerne les Ouïghours, le Tribunal disposait de preuves d’analyses médicales à une échelle qui pourrait leur permettre, entre autres utilisations, de devenir une ” banque d’organes” ».

« Le Tribunal n’a eu aucune preuve que l’importante infrastructure associée à l’industrie chinoise de la transplantation a été démantelée et, en l’absence d’une explication satisfaisante quant à la source des organes facilement disponible, il conclut que le prélèvement forcé d’organes se poursuit encore aujourd’hui ».

« (…) des crimes contre l’humanité ont été commis à l’encontre des pratiquants du Falun Gong et les Ouïghours a été prouvée au-delà de tout doute raisonnable… »

« Les gouvernements et tous ceux qui interagissent de manière substantielle avec la RPC [République populaire de Chine] … devraient maintenant reconnaître qu’ils interagissent, dans la mesure révélée ci-dessus, avec un État criminel. »

Ces activistes et d’autres ressortissant.e.s d’origine chinoise appellent dès lors la communauté internationale à une réponse forte pour faire face à ces violation flagrantes des droits humains, et impliquant des traitements inhumains et dégradants pour chaque « donneur » d’organes ou un crime contre l’humanité commis par le gouvernement chinois.

C’est pourquoi j’ai interpellé le Ministre des Affaires étrangères, Philippe Goffin, afin de connaître les mesures que la Belgique avait l’intention de prendre au niveau international.

Il me semblerait opportun, par exemple, de plaider pour que l’ONU mandate un groupe d’experts afin de mener une enquête sur les prélèvements d’organes sur des prisonniers politiques et sur la minorité musulmane ouïghoure.

Le gouvernement belge devrait, à mon sens, user de toute son influence diplomatique pour que le Haut-Commmissaire aux droits de l’Homme de l’ONU puisse mener une enquête et des observations finales sur ce trafic en Chine.

En outre, une mission pourrait être confiée au Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants.

Enfin, je m’interroge sur les initiatives que la Belgique pourrait soutenir au niveau international pour enquêter et mettre un terme à ces prélèvements d’organes sur la population musulmane en Chine.

À suivre…